Matériaux et cohérence des montages
Matériaux plus ou moins raides, standards de fixations plus ou moins balaises, sections des éléments sur ou sous-dimensionnés, l’offre dans le marché actuel est très large et mixer toutes les possibilités peut ne pas donner les résultats recherchés...
Les matériaux les plus utilisés dans l’offre actuelle
L’aluminium et le carbone sont ce qu’on utilise le plus aussi bien en terme de cadres que de composants. Viennent ensuite l’acier et le titane.
Il fut une époque où beaucoup de cadres étaient en acier. L’alu était alors considéré comme raide et inconfortable (vélos rigide ou semi rigide la plupart du temps). Plus tard les suspensions se sont généralisées et la donne à changé, l’alu devenant le plus utilisé sur toutes les gammes de VTT. C’est globalement léger, assez simple à mettre en œuvre à des tarifs intéressants et finalement pas si raide que ça dans le cadre de composants bien faits ou de cadres tout suspendus par exemple.
Le carbone permet de réaliser des éléments encore plus légers. Si on l’utilise beaucoup pour sa souplesse dans l’aéronautique, dans le vélo on l’utilise beaucoup pour sa rigidité. Enfin il y a bien des choses souples qui ont été faites pour le VTT mais c’est quand même surtout la raideur qui caractérise la plupart des constructions carbones dans notre milieu. Bien souvent un même cadre chez une marque sera plus souple et plus tolérant en alu, quand la version carbone sera plus raide et précise.
L’acier, plus souple, plus résilient, plus vivant, amène d’autres intérêts sur un cadre par rapport à ses deux concurrents directs, même s’il amène un surpoids plus ou moins important.
Le titane pourrait être vu comme la matière "ultime" par certains, alliant les avantages de l’acier avec un poids qui s’approche presque du carbone et aucun problème de corrosion. Mais il faut jouer avec la souplesse importante de ce matériau qui pour certains paraitra "mou" ou qui, dans le cas d’un tout suspendu, rendra plus compliqué la recherche de rigidité là où il en faut. C’est également un matériau qui demande beaucoup de précautions lors de sa soudure, c’est donc difficile de concevoir des constructions complexes et de les mettre en œuvre correctement.
Les standards...
Au fil des années, tout est devenu plus gros. Axes de 12mm, 15mm, 20mm, pivots coniques, largeurs de jantes 25/30/35..., guidons/potences en 35mm....
Mais aussi les axes de pédaliers, les gabarits des fourches 36mm, 38mm voir plus....
Gain de solidité, de précision, de durabilité dans certains cas, mais quasi systématiquement gain de rigidité.
Il arrive que certains "standards" soient plus marketing qu’autre chose mais souvent ils répondent à un besoin (parfois c’est très utile, parfois c’est plus discutable). Malheureusement on s’engouffre souvent dans ces nouveautés sans vision des effets de bord qui peuvent s’y joindre.
Le poids
Le poids est un élément qui revient très/trop souvent.
S’il y a des grammes qui sont vraiment intéressants à gagner (train roulant et masses en rotation essentiellement, autres masses suspendues ensuite...), il y en a d’autres qui finissent par couter très cher financièrement d’une part et qui peuvent également couter du confort ou du plaisir.
Entre un cintre en carbone très lite et raide avec un galbe peu marqué et une version en alu bien plus confort mais 150/200gr. plus lourd, la différence de fatigue (et donc de plaisir) après une grosse journée peut être bien plus importante que la perte d’énergie liée à 200gr. de plus en masses "inertes" sur le vélo...
Cohérence des montages
Tout est finalement une question de cohérence de montage.
Si on suit à la lettre les règles édictées par le marché du cycle depuis quelques années, on devrait, si on en a les moyens, rouler sur un cadre carbone raide, avec une fourche en 36 voir 38 de diamètre dont le châssis est très rigide, un guidon carbone en 35mm, des roues carbones raides etc.
Ce montage final, s’il offre une précision de pilotage incroyable n’aura par contre aucune tolérance et ne donnera aucun droit à l’erreur. Certains pilotes pro peuvent exploiter ce genre de montage, mais même dans ce milieu une grande partie ne ferait pas ce choix.
A l’inverse, miser sur du confort à tous les niveaux ne sera peut être pas cohérent : cadre/fourche souples, avec roues souples, poste de pilotage 31.8, à la fin le vélo pourrait saucissonner de trop et devenir flou.
Dans un autre registre, quelle cohérence y a t’il à monter un vélo à gros débattement avec des pneus trop légers ? Le risque de crevaison/déchirure va limiter le potentiel du montage.
Ou pourquoi monter un vélo super lite et se mettre sur les épaules un sac à dos bien lourd ?
En allant plus loin encore, de nouveaux segments sur le marché tel que le "downcountry" sont tout sauf cohérents : Géométrie permettant de rouler fort en descente sur des vélos dont le montage est typé cross et donc pas adapté à un usage gravity, forcément on finira par avoir des problèmes. L’argument du poids sur ce type de segment est clairement mis en avant, et il faudra vite faire un choix entre être bien placé sur la balance ou proposer quelque chose de solide...
Pourquoi devoir faire ce choix ?
Ne faudrait il pas plutôt proposer des montages cohérents ?